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(Par Bretton Woods Project) Le dernier cycle des négociations mondiales du commerce, dit «programme de développement de Doha» par ses défenseurs, est en train de s'effondrer et le directeur général de l'OMC demande aux dirigeants de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire d'essayer d'empêcher sa désintégration totale. Les trois hommes ont parlé, le 13 mai, au Conseil Général - la plus haute instance de décision de l'OMC - des avantages d'une cohésion croissante entre leurs organismes respectifs. Certains groupes de la société civile dénoncent l'utilisation du mot «cohésion» comme une ruse conçue pour aligner les pays sur un ensemble de politiques économiques désastreuses


La cohésion du FMI, de la Banque mondiale et de l'OMC

Le 01/07/2003
Grain de sable
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e dernier cycle des négociations mondiales du commerce, dit «programme de développement de Doha» par ses défenseurs, est en train de s'effondrer et le directeur général de l'OMC demande aux dirigeants de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire d'essayer d'empêcher sa désintégration totale. Les trois hommes ont parlé, le 13 mai, au Conseil Général - la plus haute instance de décision de l'OMC - des avantages d'une cohésion croissante entre leurs organismes respectifs. Certains groupes de la société civile dénoncent l'utilisation du mot «cohésion» comme une ruse conçue pour aligner les pays sur un ensemble de politiques économiques désastreuses.

De nombreux délégués des pays en voie de développement ont contesté la notion défendue par les dirigeants de ces organismes de l'urgence de la poursuite de la libéralisation afin de réduire la pauvreté. Le représentant indien, canalisant de nombreux commentaires venant du public, a pressé les institutions de laisser la libéralisation "avoir lieu à son propre rythme - nous ne devons pas convertir la philosophie de la libéralisation en religion, culte ou dogme." Des superviseurs de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire soutiennent de la même façon que ces organismes voient la libéralisation comme une fin en soi plutôt que comme un des nombreux et différents moyens politiques d'améliorer les niveaux de vie.

La Banque Mondiale, dans son programme commercial de l'année, admet qu'elle "se penche sur l'éventualité que les politiques de libéralisation se traduisent à court terme par l'augmentation des inégalités et une montée du chômage chez des groupes spécifiques." Plutôt que de mettre en cause les recettes politiques elles-même, la réponse porte sur la manière de réaliser le "plan convenable de mécanismes de compensation." De même, le directeur du FMI Horst Köhler a assuré aux délégués du Conseil Général que "le FMI s'engage pleinement à aider les pays confrontés à des déséquilibres de paiements. Ceci inclut les déséquilibres qui pourraient surgir lors du processus de libéralisation."

Köhler a ajouté que le Fonds Monétaire était en train de réviser ses facilités de prêt "avec l'objectif d'une aide plus flexible aux pays de faibles revenus faisant face à des chocs exogènes significatifs." Les critiques disent que ceci reflète bien comment le Fonds Monétaire interprète, à tort, les déséquilibres structuraux à long terme du système commercial mondial comme des chocs à court terme pouvant être traités par un apport infini de prêts - ce qui accentue l'engrenage du poids de la dette. Les pays membres du groupe de travail de l'OMC sur le commerce, la dette et les finances demandent au Fonds Monétaire de reconsidérer les conditions liées à ces prêts: "les conseils et la faisabilité de la politique commerciale du FMI devraient davantage tenir compte de la flexibilité admise par les règles de l'OMC pour les pays en voie de développement." Beaucoup de pays se plaignent de ce que l'observation des règles de l'OMC les aient mis en position de faiblesse dans les négociations de l'OMC.

Dans son rapport au Conseil, le Directeur Général de l'OMC, Supachai Panitchpakdi, a souligné le rôle à jouer par le FMI pour assurer la stabilité financière mondiale, essentielle pour atteindre les objectifs de développement. Etant donné les crises en Asie du Sud-Est, en Russie, en Argentine et en Turquie, il y a de bonnes raisons de mettre en cause les prescriptions du Fonds Monétaire concernant la stabilité financière. Dans un récent article co-écrit par son Conseiller économique sortant, Ken Rogoff, le Fonds Monétaire a été jusqu'à le concéder en admettant qu'il n'y avait aucune preuve que la libéralisation financière ait été bénéfique pour la croissance et qu'elle semblait même liée à "une vulnérabilité accrue aux crises".

Depuis la Banque Mondiale, le chef de l'OMC a demandé "une coopération étroite" dans la formulation de règles spéciales et différentielles efficaces - règles, dans l'OMC, qui accordent des privilèges spéciaux aux pays en voie de développement. Cependant, le récent article de la Banque Mondiale à ce sujet s'est heurté à des critiques violentes. Claire Melamed d'Aide chrétienne indique que, plutôt que de renforcer le principe du traitement différentiel comme les pays en voie de développement le demandent, les recommandations de la Banque Mondiale "sont si proches de celles de la plupart des pays les plus puissants de l'OMC, qu'elles confirmeront simplement l'opinion parmi les critiques que la Banque Mondiale épouse les intérêts des grandes puissances industrielles."

L'autre secteur principal dans lequel la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire doivent jouer un rôle essentiel est l'assistance technique et le renforcement des capacités afin de réaliser les engagements pris pendant le sommet de Doha. Cependant, Shefali Sharma de l'Institut pour l'Agriculture et la Politique Commerciale croit que "l'assistance technique est employée comme outil politique pour gagner le soutien d'un programme qui est fortement contesté à l'OMC." On s'inquiète de ce que l'insistance croissante des trois organismes sur le "crédit" pour la libéralisation ainsi que sur l'offre d'assistance technique pour mettre en application de telles politiques soit une tactique indirecte pour accélérer le processus de libéralisation.

Les institutions de Bretton Woods poussent les pays en voie de développement à «faire de l'intégration commerciale la base centrale de leurs stratégies de développement et de réduction de la pauvreté". Jusqu'ici, les IFI et leurs critiques conviennent que le commerce a été en grande partie absent des programmes de développement nationaux. Cependant des différences se font jour concernant les détails sur la façon d'intégrer le commerce dans les programmes. Une étude récente de l'Institut britannique de développement d'outre-mer a conclu que "la relation de pouvoir actuellement asymétrique entre les pays donateurs et les pays pauvres signifierait que si l'analyse commerce-pauvreté était incorporée dans les CSLP , elle ne serait probablement ni indépendante ni spécifique aux pays."

Un certain nombre de propositions institutionnelles ont été formulées pour augmenter la coordination avec la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire, y compris accorder à la Banque Mondiale et au Fonds Monétaire le statut d'observateur dans la Commission des négociations commerciales de l'OMC; un rôle plus actif pour le secrétariat de l'OMC dans les consultations de l'article IV du FMI; et la création "d'un véhicule institutionnel régulier au sein de l'OMC pour consulter la Banque Mondiale et le FMI sur des secteurs prioritaires."

Les observateurs du commerce et des finances disent qu'il n'y a aucune raison pour que le financement existant pour les processus de développement, lancé à Monterrey en 2002, ne serve pas de cadre à des contacts réguliers entre les fonctionnaires et leurs homologues aux ministères du commerce, des finances et du développement. Une coopération exclusive entre l'OMC, la BM et le FMI suggère une tentative de nier le rôle central que l'ONU et ses institutions spécialisées devraient avoir dans la détermination du programme de coopération.

Par Bretton Woods Project
Traduction. Sophie Véricel et Jeanne Breheret. Coorditrad, traducteurs volontaires

Plus d'informations sur le sujet:
*http://www.brettonwoodsproject.org/update/34/article.shtml?cmd[126]=x- 126-4423*

 
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