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(Par Christian Sellés) Le clivage urbain entre riches et pauvres n'est pas qu'un simple fait de société ; les pays, les organisations et les institutions le reconnaissent. Ces dernières années, cette séparation s'est creusée davantage et le nombre d'assimilés au groupe des défavorisés augmente sans que de véritables mesures soient prises pour l'éviter. A cela s'ajoute le désir croissant des riches à s'isoler pour créer un monde de couleurs et de fantaisies ou les problèmes, bien que ce soient ceux des autres, ne les touchent pas


Les riches veulent vivre seuls

Le 29/07/2003
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e clivage urbain entre riches et pauvres n'est pas qu'un simple fait de société ; les pays, les organisations et les institutions le reconnaissent. Ces dernières années, cette séparation s'est creusée davantage et le nombre d'assimilés au groupe des défavorisés augmente sans que de véritables mesures soient prises pour l'éviter. A cela s'ajoute le désir croissant des riches à s'isoler pour créer un monde de couleurs et de fantaisies ou les problèmes, bien que ce soient ceux des autres, ne les touchent pas.

Les frais engagés dans la sécurité privée en sont la preuve, en quelques années ils ont augmenté de façon spectaculaire. Au Brésil ses frais ont atteint 2 millions de dollars par an. La peur des fortunés est immense et les mesures a prendre sont nombreuses, parfois en certaines occasions elles sont incroyables: hélicoptères, voitures blindées et même des costumes pare balles.

Au Mexique, la sécurité privée est une source importante d'emploi, ceci étant elle comporte de nombreux risques. Actuellement, il y a plus de 30.000 agents de sécurité privée qui veillent sur le sommeil des riches.

Face à ce nouveau phénomène, surgit un nouveau marché qui regroupe les désirs de défense et de protection. Nous pourrions le cataloguer comme le «marché de la panique». Les technologies les plus modernes s'adaptent pour fournir des services a des 'riches paranoïaques'. Des caméras de surveillance de dernière génération en passant par des grilles électrifiées: tout est bon pour se proteger.

A Buenos Aires, à cause de l'insécurité provoquée par la crise économique, les riches se sont dirigés vers la périphérie de la ville. Ils ont créé les 'quartiers privés'ou ils ont tout ce dont ils sont besoin a l'intérieur de ces quartiers, des centres commerciaux, en passant par les parcs, parcours de golf ou lacs pour des activités nautiques, et même des écoles pour leurs enfants. Ce cas est similaire a l'autruche qui met sa tête dans la terre pour ne pas voir le danger. Si je ne vois pas les pauvres, ils n'existent pas.

La politique de l'autruche s'accompagne également d'un nouveau style architectural: Les maisons-forteresses. Les défenses qui décorent les maisons des riches ressemblent aux résidences des seigneurs féodaux du Moyen-Age. Les grilles des fenêtres viennent remplacer les fleurs, les murailles se substituent aux murs traditionnels et les abris des gardiens inondent les trottoirs. Il y a même des palissades et des doubles portes. Il ne manque plus que le fossé avec les crocodiles et les ponts levis.

Cependant ce système, en principe défensif, est devenu offensif. Les murs se terminent en pointes menaçantes qui leur donnent une allure d'attaque. Si une personne se promene devant une de ces maisons, elle peut être sure qu'une centaine de paire d'yeux invisibles surveille ses mouvements et face à un mouvement étrange ou une conduite inconsidérée et non appropriée, elle aura sur le dos en quelques secondes une personne qui lui dira qu'elle se trouve sur le mauvais trottoir. Il n'y a pas de liberté de mouvement.

Toute cette paranoïa autour de la sécurité intensifie la fracture sociale et a pour conséquence d'isoler les marginaux et protéger l'opulence.

L'Amérique latine a un des taux de criminalité les plus élevés mais ces mesures ne sont pas la solution pour palier aux inégalités présentes. Des gouvernements avec des mesures sociales efficaces et des forces de sécurité ne trempant pas dans la corruption sont les deux piliers essentiels pour un changement.

Le riche veut vivre tranquille, tandis que le pauvre ne peut que mal vivre. Au lieu de réduire la fracture, les positions de certains sont encore plus fortes et les autres marquant leur territoire et les espaces pour l'opulence et la misère. Vivre reclus dans un ghetto n'est pas la solution. La vraie sécurité ne peut que naître dans un système alimente par la justice sociale et un bien être accessible a toutes les classes de la société.

Par Christian Sellés. Journaliste. Agence d'Information Solidaire- Agencia de Información Solidaria Traduction. Estelle Lantin. Coorditrad, traducteurs bénévoles

Contact pour cet article: chselpe@yahoo.es

 
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