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Depuis le début du mois de janvier (date d'entrée en application de la loi) on assiste à travers toute la Russie à une vague impressionnante de manifestations, débouchant dans de nombreux cas, à des actions plus radicales comme le blocage des rues et des axes routiers


Importante mobilisation des retraites dans toute la Russie

Le 09/02/2005
Grain de sable
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ors de la session printemps - été 2004 de la Douma, un paquet de lois antisociales a été adopté : il constitue une attaque frontale contre la partie la plus démunie (soit 80 %) de la population... Cette politique antisociale s'étend à tous les domaines : logement, santé, retraites, éducation, droits du travail (pour une analyse détaillée du contenu de ces lois, se reporter au Messager syndical, 27).

La loi dite de «monétarisation des avantages sociaux» prévoit de supprimer à compter du 1er janvier 2005 les avantages sociaux dont bénéficient certaines catégories de la population (retraités, anciens combattants, vétérans de la seconde guerre mondiale et invalides du travail) : gratuité des transports publics, non paiement de certains médicaments et du téléphone. Pour compenser la perte des ces avantages, les personnes concernées sont censées toucher une compensation financière qui sera désormais à la charge des régions. Or la majorité des régions de Russie sont déficitaires sur le plan budgétaire : les sommes seront totalement dérisoires ou même, dans de nombreux cas, purement fictives.

Depuis le début du mois de janvier (date d'entrée en application de la loi) on assiste à travers toute la Russie à une vague impressionnante de manifestations, débouchant dans de nombreux cas, à des actions plus radicales comme le blocage des rues et des axes routiers. Et les slogans lancés par les manifestants vont bien au delà de la seule suppression des avantages sociaux ; toujours plus nombreux sont les manifestants qui réclament la démission du gouvernement, la dissolution de la Douma et mettent en cause directement Poutine.

Il est difficile d'énumérer toutes les villes, grandes et petites - elles se comptent par centaines - où se déroulent les manifestations, réunissant souvent des milliers de manifestants. Il est intéressant de noter que les plus grosses mobilisations ont eu lieu en province et non à Moscou et Saint Pétersbourg. Dans un grand nombre de villes plusieurs manifestations ont eu lieu depuis début janvier, dans certaines les actions ont pris un rythme quotidien, accompagnées du blocage du trafic automobile. Le 22 janvier, à l'occasion du centième anniversaire du «dimanche sanglant» (le 22 janvier 1905 le tsar avait fait tirer sur la foule), a connu un regain de manifestations.

Très souvent spontanées au départ, ces manifestations ont des degrés divers d'organisation et de mobilisation. Elles sont soutenues par différents partis d'opposition, à commencer par le Parti communiste de la Fédération de Russie, mais aussi par différentes composantes du mouvement syndical. Ainsi, à Toliatti, le syndicat alternatif Edinstvo de l'usine Avtovaz a mis tout son poids dans les mobilisations. Et parmi les manifestants, en dehors des retraités, il y a d'autres classes d'âges, à commencer par les étudiants.

Face à cette mobilisation qui s'inscrit dans une réelle durée, la réaction du pouvoir a été celle du mépris : ministres et députés ont proclamé que la loi avait été mal comprise (un refrain que l'on a souvent entendu en France lors de la réforme des retraites au printemps 2003 !). Et V. Poutine a déclaré que le gouvernement et les autorités des régions avaient mal accompagné la mise en application de la loi. Par contre, sur le fond, il n'est pas question pour le gouvernement de reculer. Cette politique du mépris a été, dans quelques villes, accompagnée de mesures de répression policière à l'encontre certains manifestants. Face à cette intransigeance du pouvoir, le mouvement se trouve aujourd'hui confronté à une grave question : comment poursuivre et élargir la mobilisation ?

Le 19 janvier, le Conseil de Solidarité sociale (S.O.S) a lancé un appel à deux journées d'action, à travers toute la Fédération de Russie, les 10 et 12 février, pour réclamer l'abrogation de la loi sur les avantages sociaux, mais aussi le retrait des autres lois antisociales adoptées l'année passée. S.O.S. est une structure regroupant une cinquantaine d'associations (dont les principales associations de retraités), d'organisations et de syndicats (les partis ne peuvent en faire partie) qui avaient formé un large front d'opposition aux projets de loisantisociales, et qui, au lendemain du vote de la Douma, avaient décidé de poursuivre leur action. S.O.S. publie un journal Solidarnost' tiré désormais à 400 000 exemplaires et diffusé à travers toute la Russie. Compte tenu de l'expérience de l'année passée et d'un ancrage réel de ses différentes composantes dans de nombreuses régions, S.O.S peut contribuer de façon décisive à la poursuite et l'élargissement de la mobilisation. De plus, un site internet (ikd.ru) étroitement lié à S.O.S. donne quotidiennement des informations détaillées sur les manifestations et actions de la journée Face à la nécessité de construire un espace commun de lutte, le plus large possible, l'information systématique sur ce qui se passe dans le reste du pays est aujourd'hui un enjeu essentiel, afin de briser le sentiment d'isolement des uns et des autres.




LE MESSAGER SYNDICAL janvier 2005 n° 28
Bulletin d'informations sur le mouvement syndical en Russie
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