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(Par Gérard Duménil) Le mot gigantinho signifie en portugais le «petit géant». Non, ce n'est un surnom amical donné au président Lula par ses partisans, mais le nom d'un gymnase de 15.000 places à Porto Alegre


Le Gigantinho

Le 02/02/2005
Grain de sable
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e mot gigantinho signifie en portugais le «petit géant». Non, ce n'est un surnom amical donné au président Lula par ses partisans, mais le nom d'un gymnase de 15.000 places à Porto Alegre. C'est là que, ce jeudi 27 janvier au matin, Lula doit apparaître pour lancer la campagne d'action contre la pauvreté.

Cette campagne se focalise sur quatre points : l'annulation de la dette, le commerce équitable, les nouvelles formes de financement et l'accroissement de la coopération internationale. L'événement coïncide avec l'ouverture du Forum social mondial.

Tout doit commencer à 8 heures 30, il faut donc se lever de bon matin pour avoir une chance de franchir les barrières. Les contrôles sont des plus sérieux, et l'entrée se fait au ralenti. Les files d'attente paraissent interminables, mais des grilles s'ouvrent de temps à autres, laissant passer quelques individus dont l'apparence signale une origine étrangère : la presse, les invités... Il suffit de faire quelques pas honteux, mais sans se trahir, pour se trouver du côté des élus.

Dans les files d'attente des groupes sont constitués et font clairement l'objet d'un contrôle collectif. Le rouge domine, celui des tee-shirts portant sur le devant l'étoile blanche du parti des travailleurs, marquée du sigle PT ; au dos, se détache en grosse lettres : 100% Lula. Moyenne d'âge, moins de 20 ans.

Lorsque je pénètre dans le gymnase, les gradins sont déjà bien garnis de ces jeunes aux couleurs du PT, bien rangés par travées. L'atmosphère générale est celle d'une salle de sport ce qu'est d'ailleurs le gigantinho. L'enthousiasme est déjà grand, mais rien en comparaison de ce qui va se déchaîner d'ici une bonne heure. Périodiquement des chants, rythmés de battements de mains. Un orchestre d'une quinzaine de violons se déchaîne au pied de l'estrade, relayé par 20 mètres carrés de haut-parleurs. Je me prends à rêver de «décroissance». De chaque côté de la scène, deux grands écrans diffusent des images où alternent des figures que je ne connais pas et des images d'enfants fouillant dans des décharges. La presse est juchée sur une estrade, journalistes debout aux côtés de leurs caméras dont la fixité tranche avec l'agitation générale. Les invités sont au parterre, comme à l'opéra, risquant leurs papiers d'identité contre les écouteurs de traduction.

A 10 heures 23 minutes, Lula entre, vêtu d'une veste blanche. La foule des supporters couvre aisément les huées qui surgissent de divers points des gradins. Un groupe se singularise, celui des anciens membres du PT qui ont formé le nouveau parti d'extrême gauche, le PSOL. Mais la majorité d'entre eux n'a pas pu pénétrer dans le gymnase et manifeste à l'extérieur. Les militants fidèles au président se lèvent, scandant le nom du président, les bras se tendent le ciel, et ces vagues d'enthousiasme se propagent en de gracieuses ondulations d'un bout à l'autre du gymnase. Lula est accompagné du petit groupe qui va s'asseoir à la table, un indien, deux femmes africaines, un syndicaliste d'Amérique Latine me semble-t-il. Lula parlera le dernier. Les thèmes défilent : mobilisation contre l'injustice, annulation de la dette, lutte contre le travail des enfants, disparition de la pauvreté. Et je vous laisse imaginer les propos réservés à G.W. Bush. Une des femmes africaines chante et invite le président à la rejoindre ; elle noue alors à son poignet le petit bandeau blanc qui marque l'adhésion à la campagne.

Dans un discours très vigoureux, marqué par quelques erreurs de noms et de chiffres dont va rendre compte la presse, Lula se justifie. L'accent est mis sur l'ampleur de son activité. Il va à Davos pour se faire entendre ; il développe le dialogue en Amérique du Sud ; par ses voyages, il tisse des liens avec l'Afrique et avec les pays arabes ; les négociations avec l'Europe sont menées rondement ; il se solidarise avec le Venezuela de Chavez ; il reste un homme du peuple, et à la fin de son mandat retournera avec ses compagnons métallurgistes.

Porto Alegre, le 28 janvier 2005
Par Gérard Duménil

 
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