bandeau site Grain de sable
jeudi 02 mai 2024
http://www.resoo.com/graindesable
journal@attac.org

Accueil Archives Autres Ftp.pdf Liens
 
Attac Équateur, présidée par l'économiste Pablo Davalos, a organisé un séminaire ayant pour thème "défis et risques de la globalisation financière" qui s'est déroulé durant 3 sessions à l'Université catholique la PUC de Quito dans un amphithéâtre toujours comble


Présence d'Attac au Forum social des Amériques (FSA)

Le 29/09/2004
Grain de sable
p


ablo Davalos a ouvert le séminaire par une présentation d'Attac en indiquant que l'organisation avait pour origine la critique de la globalisation financière et la nécessité de contrôler les transactions spéculatives de capital. Le choix pour Attac Équateur de travailler spécialement sur ce sujet répond à la situation des pays d'Amérique Latine tombés sous la dépendance des IFI (FMI, BM, BID), victimes du mécanisme d'endettement forcé et de la financiarisation de l'économie.

En outre, l'Équateur ayant abandonné depuis 4 ans sa monnaie nationale pour adopter le dollar-US, offre un cas d'école pour montrer les effets de la dollarisation dans un pays du Tiers monde.

Le séminaire a réuni des économistes d'Amérique latine représentant l'orientation des travaux des divers centres de recherche sur les effets de l'ajustement structurel néolibéral dans leurs pays respectifs.

Le séminaire s'est organisé autour de deux axes:
 o  la dollarisation;
 o  la critique des fondamentaux de l'économie néoliberale.


La dollarisation de l'Équateur

L'économiste péruvien Carlos Parodi a indiqué qu'il existe différents modes et degrés de dollarisation; la dollarisation de l'Équateur est la plus totale. Le pays a, en janvier 2000, abandonné sa monnaie nationale le Sucre, adopté le dollar-US et renoncé au droit d'émission. C'est maintenant la Réserve fédérale des États-Unis qui détient le droit de seigneuriage à la place de la banque centrale d'Équateur. (y compris les gains obtenus sur l'émission du papier-monnaie). En pratique la Banque centrale d'Équateur n'a aucune autonomie de décision et ne peut accorder de crédit à une banque locale sans demander l'autorisation à la Réserve fédérale des États-Unis.

D'ailleurs les Équatoriens estiment qu'ils n'ont plus de ministre des finances mais un "ministre de la comptabilité".

Un phénomène dramatique qui s'est produit durant le Forum social des Amériques a donné la mesure de cette impuissance du "ministre de la comptabilité". Les retraités de la fonction publique ne pouvant obtenir l'augmentation de leur pension fixée à 80 dollars mensuels ont entamé une grève de la faim. Installées sous des tentes devant le siège de la sécurité sociale au cour de Quito, les personnes âgées ont commencé à mourir, dans l'indifférence. Finalement, au bout de 45 jours et de la survenue du 15e décès, le scandale a éclaté dans la presse. Le "ministre des finances a annoncé qu'il n'y avait pas d'argent dans les caisses de l'État. Finalement le chef de l'État Lucio Gutierrez a suggéré la levée d'une taxe sur la bière. Le même jour, on pouvait lire dans un éditorial que l'État équatorien venait de verser au FMI 600 millions de dollars au titre des intérêts de la dette externe, or, pour répondre à la modeste demande des retraités il faudrait seulement 60 millions.

La dollarisarisation a permis d'accélérer la mise en place des exigences du Consensus de Washington, spécialement la restriction de l'investissement public, dans les travaux publics en matière sociale. De cette manière non seulement la situation des 60% de pauvres s'est aggravée, mais l'avenir risque d'être pire car l'économie est entrée en déflation.

Le débat des économistes critiques porte aujourd'hui sur la manière de sortir de la dollarisation: sortie brutale ou sortie ordonnée.


Nouvelle articulation de la pensée critique

Le séminaire a montré que la pensée critique latino-américaine s'enrichit avec les nouvelles générations d'économistes. Un grand nombre d'entre eux sont engagés dans une critique épistémologique de l'économie. Ils mettent en question les fondamentaux de la pensée économique néolibérale. Les jeunes économistes d'Attac, comme Henri Chavez et Jorge Carrillo critiquent l'essentialisme qui est à la base de l'invention de l'homo economicus et de la fiction de l'équilibre spontané entre l'offre et la demande. Ils déconstruisent le mythe de la scientificité de l'économie construite sur des modèles mathématiques. La plupart de ces chercheurs conduisent leur réflexion en collaboration avec des sociologues et des philosophes.

On a tout lieu de penser que les économistes et politologues latino américains tire les leçons de 25 ans d'ajustement néolibéral qui a été mis en ouvre au forceps des coups d État et de la répression des résistances populaires. Ainsi Manuel Hidalgo d'Attac Chili, dans un brillant exposé qui réintroduit la dimension historique et politique dans l'économie montre que le Chili a évolué selon le rythme dicté par le capital transnational.

L'exemple marquant étant l'instauration du modèle néolibéral à travers le coup d'État du 11 septembre 1973 contre Salvador Allende.

Il conclut son analyse en disant que le capitalisme, pour consolider sa position est prêt à imposer la réforme néolibérale par la guerre si les programmes des organes financiers multilatéraux et en particulier les traités de libre-échange sont contrecarrés par les résistances populaires.


Réunion des Attac d'Amérique Latine: programme

Durant le Forum ont eu lieu 2 réunions des représentants des groupes Attac d'Amérique Latine, en présence de délégués - France, Attac Italie, Attac Québec, Attac Hollande et Attac Suède.

Pour l'Amérique Latine était représentés les Attac de: Chili, Argentine, Venezuela, Costa-Rica, Brésil, Équateur et Colombie. Chaque délégué a fait un exposé sur les formes d'engagement d'Attac dans son pays. Il est apparu que les Attac entretiennent une ample collaboration avec diverses organisations comme El Grito de los excluidos, Jubileo Sur, Via campesina.

Tous les Attac travaillent sur le thème du contrôle du mouvement des capitaux. En ce sens, Antonio Martins d'Attac Brésil, a évoqué le travail d'Attac Sao Paolo visant à faire progresser la taxation des mouvements spéculatifs.

Il faut relever la présence d'économistes importants dans Attac Équateur (Pablo Davalos, Alberto Acosta) Chili (Manuel Hidalgo), Costa Rica (Sergio Moya) et Colombie (William Gaviria Jaime Bobadilla). Grâce à cela est né le projet de participation de délégués Attac au prochain FORUM SOCIAL DU CHILI à Santiago le 19 novembre prochain. Le séminaire Attac qui est envisagé porterait sur certains aspects de la globalisation financière en Amérique latine.

Étant donné que le Forum social chilien se présente comme réponse au FORUM DE L'APEC (qui recevra la visite de George Bush), la présentation par Attac d'une analyse documentée des effets catastrophiques de la financiarisation de l'économie prend tout son sens.

En somme cette réunion témoigne de la vitalité d'Attac en Amérique latine.

Il en est ainsi d'Attac Colombie qui se trouve revivifiée et renforcée par l'arrivée de 2 économistes syndicalistes, auteurs d'un ouvrage important sur l'éclatement de la bulle financière en Colombie. En dépit de difficultés matérielles énormes, les membres d'Attac conservent leur capacité de résistance et continuent à regarder du côté d'Attac France pour puiser les sources du renforcement du réseau international.

Denise Mendez

 
COURRIEL D'INFORMATION ATTAC (n°482) - http://attac.org
Accès Administrateur Grain de sable
©2002-2005 resoo.com / resOOsite v.0.9.6.6-3