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(par Gian Carlo Delgado Ramos) Les infos sur le scandale de la vente d'eau du réseau (purifiée et enrichie paraît-il) par Coca Cola au Royaume Uni ne sont que la partie émergée de l'iceberg du marché de l'eau vendue sous conditionnement. Le problème ne se situe pas seulement au niveau de la tromperie vis à vis du consommateur sur la nature et la qualité de l'eau achetée, mais concerne les nombreux aspects du problème de la privatisation d'un bien vital et commun à tous.


L'eau à la bouche

Le 02/06/2004
Grain de sable
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es infos sur le scandale de la vente d'eau du réseau (purifiée et enrichie paraît-il) par Coca Cola au Royaume Uni ne sont que la partie émergée de l'iceberg du marché de l'eau vendue sous conditionnement. Le problème ne se situe pas seulement au niveau de la tromperie vis à vis du consommateur sur la nature et la qualité de l'eau achetée, mais concerne les nombreux aspects du problème de la privatisation d'un bien vital et commun à tous. Les révélations sur le pillage de milliards de litres d'eau sur des aqueducs indiens par cette multinationale américaine démontre clairement la spoliation de leurs ressources dont sont victimes principalement les pays du Sud au bénéfice de pays du Nord disposant des fonds pour les obtenir.

Le volume des ventes d'eau conditionnée en 2000 atteint les 84 milliards de litres, dont un quart est consommé hors du pays d'origine. En 2002 le chiffre atteint 126 milliards. D'après Nestlé, le secteur pourrait augmenter de 7 à 9% et le marché doublerait d'ici 2010.

Il s'agit là d'une affaire concernant la vente d'un bien vital et public qui devrait être presque partout gratuit. Les multinationales solidaires entre elles s'emparent de l'eau des pays où elles s'implantent. Danone, Nestlé ou Coca Cola s'emparent de la plus grosse part du marché surtout grâce à l'eau des autres pays, et dans une moindre mesure avec leurs propres ressources locales. En clair, au regard de la législation de chaque pays, l'eau traitée par les multinationales n'est plus propriété nationale, mais propriété privée.

Il s'agit d'une affaire d'importance, surtout lorsqu'on réalise que le marché de l'eau sous conditionnement est plus important que celui du pétrole. Si on se réfère aux déclarations de l'ancien président de Perrier (marque de Nestlé): "Il suffit de capter et remonter l'eau, et de la vendre plus cher que le vin, le lait ou même le pétrole".

Au niveau mondial, ce marché représente 22 milliards de dollars par an, d'où la férocité de la compétition.

Danone occupe la première place pour la vente de l'eau conditionnée au niveau mondial, et la seconde en Amérique Latine même si l'on tient compte du fait que la plus grosse part de la distribution est faite par Coca Cola. Nestlé opère dans 130 pays, avec deux marchés mondiaux, 5 internationaux et 70 locaux, contrôlant 17% de la valeur du marché mondial de l'eau conditionnée, en ne tenant pas compte des sociétés acquises en 2003. Cette multinationale a augmenté ses bénéfices de 9,6% en 2002 avec une croissance de 4,7 % au cours des 10 dernières années, grâce principalement à la prise de contrôle du marché nord américain (via Nestlé Waters North America Holdings). De son côté, Coca Cola, afin de concurrencer la marque Aquafina de Pepsi Cola (marché lancé en 1994) s'est lancé dans le marché de l'eau conditionnée sous la marque générale Dasani. En 2000, des indicateurs fournis par Barlow et Clarke montrent que Pepsi s'est adjugé 7,8% de parts de marché aux Etats-Unis, contre 4,9% pour Coca Cola, mais qu'en 2001 Pepsi avait pris la première place, suivie par Coca Cola. Au cours de 2002 la guerre entre Nestlé, Coca Cola et Pepsi aux USA et au Canada les a confirmés protagonistes dans le secteur. Dans ce contexte, Coca Cola passe des contrats avec les écoles américaines pour imposer sa marque.

Un des motifs du succès du marché de l'eau en bouteille auprès du consommateur, c'est qu'il pense avoir ainsi une eau de qualité en toute sécurité. Même si la FAO a affirmé que l'eau en bouteille n'est pas meilleure que l'eau du robinet. Une étude de 1999 du NRDC conclut, toujours selon Barlow et Clarke, que sur 103 marques d'eau en bouteille qui ont été étudiées, plus d'un tiers sont contaminées, y compris par escherichia coli et arsenic. Un quart de l'eau conditionnée, ajoutent-ils, est prélevée du robinet puis traitée et plus ou moins purifiée, cependant que dans de nombreux pays l'eau en bouteille est soumise à des analyses et des standards de pureté moins rigoureux que l'eau du robinet.

Enfin s'ajoute au problème de l'eau un autre problème d'importance considérable: celui du conditionnement, qui a utilisé en 2001 un million et demi de tonnes de plastique. Les conséquences pour l'environnement sont importantes et l'"écotaxe", impôt inclus dans le coût de production garantissant le recyclage des bouteilles ne sert que de palliatif, puisqu'elle est finalement payée par le consommateur. Le recyclage dans le monde occidental est minime par rapport à la quantité de plastique mis aux déchets.

par Gian Carlo Delgado Ramos,
article tiré du Granello di sabbia n° 128,
traduction par Marie Biasi.

 
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