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(par Bruno Jaffré; Jean Louis Fullsack) Du 10 au 12 décembre, s'est tenu à Genève le Sommet Mondial de la Société de l'Information. Malheureusement la mobilisation altermondialiste fut presque inexistante. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que la déclaration dite de la "société civile" soit d'une étonnante platitude si ce n'est sur la question des droits de l'homme et dans une moindre mesure sur les logiciels libres


Sommet Mondial de la Société de l'Information 2003 - Quand les altermondialistes ratent le rendez-vous

Le 31/03/2004
Grain de sable
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ous avions appelé dans un article publié ici, à ce que la Société civile ne manque pas le rendez-vous du Sommet Mondial de la Société de l'Information (SMSI). Du 10 au 12 décembre, s'est tenu à Genève le Sommet Mondial de la Société de l'Information clôturant cette première phase. Malheureusement la mobilisation altermondialiste fut presque inexistante. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que la déclaration dite de la "société civile" soit d'une étonnante platitude si ce n'est sur la question des droits de l'homme et dans une moindre mesure sur les logiciels libres.

Si elle n'est pas avare en déclarations de bonnes intentions à propos de l'égalité des sexes, des droit des peuples autochtones, du respect de la pluralité de langues (alors que l'on a imposé de fait et sans guère de protestation la langue anglaise comme seule langue de travail de la Société civile) il a fallu que le Groupe Afrique menace de rédiger se propre déclaration pour que la problématique du développement apparaisse comme prioritaire. Une timide allusion aux services publics apparaît en introduction sous la forme "En outre, les gouvernements devraient assurer et promouvoir les services publics lorsque les citoyens le jugent nécessaires..."!!!.
Les affirmations selon lesquelles: "Il nous faut résolument renoncer à toute promotion des TIC au service du développement à finalité purement lucrative et mue uniquement par la loi du marché. Il convient de prendre sciemment et délibérément des mesures en ce sens afin de veiller à ce que les nouvelles TIC ne soient mises en place d'une manière qui perpétue encore les tendances négatives actuelles de la mondialisation économique et de la monopolisation des marchés..." apparaissent d'une étrange naïveté faute d'une analyse des mécanismes de la mondialisation libérale et de sa dénonciation sans réserve alors que la déréglementation des télécommunications n'a affecté que le premier des secteurs jusqu'ici publics à en subir les effets dévastateurs. Enfin, citons en dernier exemple les droit des travailleurs qui a droit à 9 lignes sur les trente pages de ce document, dans lesquelles il est question de respecter les normes interna-tionales et le droit des travailleurs à se syndiquer. Et toujours cette affirmation de l'éminence des TIC comme solutions universelles, qui au mieux pourrait passer comme de la naïveté: "Les TIC doivent servir à faire comprendre les règles relatives aux droits de l'homme et les normes internationales du travail et à les faire respecter et appliquer". Cette Déclaration, est-il spécifié sur sa page de garde, a été "Adoptée à l'unanimité par la plénière de la société civile du SMSI le 8 décembre 2003". Relativisons cette emphase en précisant que "la société civile du SMSI" présente pour approuver ce document par acclamation n'a pas dépassé la soixantaine, alors que les organisateurs avaient accrédité plus de 1300 associations pour ce Sommet. Ces quelques exemples montrent les égarements mais aussi les graves insuffisances dans l'expression de la société civile représentée au Sommet. Ajoutons d'autre part que, alors que pour les participants aux séances officielles, la participation de la Société Civile semblait être assurée sans accroc, les membres du CASIC présents sur place en sont revenus avec l'impression d'avoir été méprisés.

Le Sommet de Genève ne constituait que la première phase du processus du SMSI, la deuxième phase se déroulant jusqu'au Sommet de Tunis en 2005. Plus encore qu'il y a deux ans, nous pensons qu'il ne faut pas rater ce deuxième rendez vous ; nous allons ici en exposer quelques raisons même si les résultats exposés ci-dessus parlent d'eux-mêmes. Car s'il n'est plus concevable aujourd'hui de laisser les sommets du G8 ou de l'OMC se tenir sans une mobilisation massive, rien ne justifie qu'il n'en soit pas de même pour le Sommet Mondial de la Société de l'Information. Et cela pour plusieurs raisons.



1. Les secteurs convergents de l'informatique, des télécommunications et des médias sont au coeur des préoccupations du mouvement altermondialiste, comme secteurs les plus avancés dans le processus de concentration monopolistique, de mondialisation libérale, de destruction des services publics et de dérives spéculatives.



2. Les sommets organisés par l'ONU sont autant d'occasions d'aller plus avant dans la remise en cause de l'ONU et du système intergouvernemental pour officialiser le pouvoir croissant des multinationales au détriment des Etats. A cet égard l'Union Internationale des Télécom-munications (UIT), a joué le rôle de précurseur depuis la vague de déréglementation du secteur des télécommunication et la privatisation des opérateurs historiques qui en a résulté.



3. Ce Sommet a constitué une des expérimentations les plus avancées (mais peut-être aussi la plus pernicieuse) de la tentative d'instrumentaliser la Société Civile pour consolider le processus de mondialisation libérale.


La prochaine phase du Sommet est prévue à Tunis en 2005. Les manipulations qui ont permis de contourner les interventions des quelques membres du CASIC et des autres contestataires lors du Sommet de Genève viendront cette fois non seulement du " bureau de la Société civile " mais aussi bien sur des autorités tunisiennes expertes en la matière dans ce pays dictatorial ou toute expression de l'opposition est violemment muselée sans ménagement. Mais on pourra aussi compter sur d'importantes contradictions qui ne manqueront par d'apparaître entre ces deux pôles en particulier sur la question des libertés. Les conditions d'expression seront plus difficiles mais l'expérience de la première phase a permis d'éclairer les objectifs et les stratégies des uns et des autres. La préparation ne doit donc souffrir d'aucun retard, et requiert d'autant plus de rigueur et surtout une mobilisation beaucoup plus large, au sein du mouvement altermondialiste. Des forces existent, en Europe comme l'influent collectif communica-ch avec qui nous sommes proches mais aussi en Afrique, comme en témoignent un certain nombre de courriers reçus par notre association dans la phrase préparatoire.

Le Sommet à Tunis constitue par ailleurs une excellente occasion de soutenir les organisations tunisiennes militant pour leurs droits d'expression, et contribuer à la construction -dans des conditions difficiles- des forces altermondialistes des pays du Maghreb, les formes de participation au Sommet devant bien évidemment être décidées en concertation avec elles.
De façon plus générale, la présence active, nombreuse et militante des altermondialistes nous paraît d'autant plus justifiée que l'on se trouve au cœur de leurs préoccupations: la lutte contre la déréglementation néolibérale et les privatisations et pour la refondation des services publics, la dénonciation des effets de la spéculation et financière et le dumping social. Enfin le fait que ce Sommet se déroule dans un pays du " Sud " est une opportunité majeure pour dénoncer les échecs des conférences internationales sur le financement du développement et promouvoir à cette fin la prise en compte de la taxe Tobin et de toute autre proposition alternative au dogme libéral. Outre les questions citées ci-dessus relatifs à la spécificité des télécommunications et de l'informatique et des médias, il représente une opportunité de continuer les mobilisations lors des Sommets de Rio, de Johannesburg, de l'OMC ou du G8 et des autres conférences internationales.


par Bruno Jaffré ATTAC Nord-Essonne Président de CSDPTT bjaffre@csdptt.org; Jean Louis Fullsack ancien expert de l'UIT, délégué de CSDPTT au SMSI jlfullsack@wanadoo.fr

 
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