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(par Bernie Sanders) A la suite d'un récent voyage au Mexique, Bernie SANDERS, représentant du Vermont, publie dans The Nation du 2 février son point de vue sur l'ALENA et sur le libre-échange. (Traduction Denise Mendez)


Les effets du Traité de libre-échange de l'Amérique du Nord (ALENA), vus par un congressiste des Etats-Unis

Le 10/03/2004
Grain de sable
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la suite d'un récent voyage au Mexique, Bernie SANDERS, représentant du Vermont, publie dans The Nation du 2 février son point de vue sur l'ALENA et sur le libre-échange.
(Traduction Denise Mendez)

Impressions de voyage.

Au mois de novembre dernier, en compagnie de six autres membres du Congrès j'ai fait une visite au Mexique. Nous avons trouvé une terrible pauvreté, un environnement dégradé et beaucoup de corruption. Nous avons parlé avec des mères qui n'avaient pas les moyens d'envoyer leurs enfants à l'école, des travailleurs licenciés pour avoir voulu fonder un syndicat et des travailleurs sociaux qui s'efforçaient de protéger de jeunes femmes contre les viols et assassinats qui se produisaient à Ciudad Juarez (dire où c'est...) juste à la frontière en face de El Paso. Nous avons aussi rencontré des gens pleins de courage et de ténacité. Dans la "colonia" ANAPRA (dire ce qu'est une "colonia"), près de Juarez nous avons visité la masure délabrée d'une jeune mère: une ampoule électrique, un sol de terre et aucune possibilité de soin pour son enfant malade. Situation banale dans cette communauté où s'amassent des dizaines de milliers de mexicains qui ont quitté le Sud du pays ou d'aut!
res régions plus pauvres en quête d'une vie meilleure. A mesure que ce flot de gens arrive dans la région de Juarez à la recherche d'un emploi dans les maquiladoras, les infrastructures se dégradent et la qualité de vie dejà médiocre se détériore encore. Dans un centre de santé de la zone on nous a dit que la plupart des maladies qu'on traitait étaient le résultat de la malnutrition.

Dans un foyer voisin, une autre mère exprimait des craintes pour la sécurité de sa fille ainée qui devait faire un parcours d'une heure trente pour travailler dans une maquiladora- ( c'est quoi???)pour un salaire
de 35 dollars par semaine. (les maquiladoras préfèrent engager des femmes, pensant qu'elles sont moins portées à se battre pour améliorer leurs pauvres salaires et leurs conditions de travail).
La mère se demande si sa fille rentrera à la maison saine et sauve ou bien si elle deviendra une autre "disparue" dont on retrouve le corps dans le désert. Des fonctionnaires judiciaires du Texas nous ont affirmé qu'à Juarez la police et les fonctionnaires étaient corrompus. Un haut responsable judiciaire des Etats-Unis, nous a raconté qu'il ne pouvait pas franchir la frontière mexicaine par crainte d'être tué.

Dans la ville de Puebla, nous avons rencontré des ouvriers du textile dans une maquila qui fabrique des blue jeans pour l'exportation aux Etats Unis. Ils avaient cru avoir certains droits dans leur travail comme le paiement des heures supplémentaires. Ils avaient également demandé une protection contre les produits chimiques qui colorent leurs mains et leurs cheveux, et, lorsqu'ils avaient essayé de former un syndicat indépendant pour négocier leurs revendications, ils avaient été licenciés sur le champŠ ( au Mexique, presque tous les syndicats sont des syndicats "officiels" autorisés par le gouvernement et sponsorisés par les entreprises. Ils ne font rien pour défendre les intérêts des travailleurs). A Puebla nous avons aussi rencontré le leader de l'un des rares syndicats indépendants du pays, Jose Luis Rodriguez Salazar, secrétaire général du syndicat indépendant des travailleurs de Volkswagen. Son syndicat avait réussi, dans des circonstances difficiles à négocier !
un contrat fixant le salaire de la plupart des travailleurs à 25 dollars par jour, ce qui est un très bon salaire au Mexique. Mais en ce moment le syndicat se bat contre les "dégraissages" et redoute que dans les années à venir la délocalisation de l'industrie automobile vers des pays dont le coût de main d'oeuvre sera encore plus bas.

A la campagne nous avons rencontré des agriculteurs qui ont été ruinés par l'importation de maïs subventionné des entreprises d'agro-business des Etats Unis. Depuis l'entrée en vigueur du NAFTA (rappeler ce que c'est...) le secteur agricole mexicain a perdu plus de 1,3 millions d'emplois. Dans la communauté que nous avons visitée, il n'y avait presque aucun jeune travailleur. La plupart ont émigré vers les villes ou aux Etats Unis comme travailleurs illégaux... Dans un effort pour obtenir un prix décent pour leur maïs, quelques agriculteurs ont créé une coopérative dans laquelle la maïs national est transformé en tortillas qui sont vendues dans les villes. Tout en conservant un optimisme prudent à l'égard de leur entreprise, ils se montraient désolés par la destruction du mode de vie qui avait été celui de leurs familles pendant des siècles.

Bienfaits du libre-échange?

Au Congrès des Etats Unis il se passe quelque chose de drôle au sujet de la politique commerciale.
Comme le NAFTA a abouti à la perte par les Etats Unis de 900 000 emplois industriels correctement payés, de plus en plus de membres du Congrès démocrates et républicains, pensent qu'il est difficile de défendre le libre échange sans restriction. Je connais de nombreux représentants qui ont voté en faveur du NAFTA et pensent que c'était une erreur. Je ne connais pas de représentant qui regrette d'avoir voté contre. Il est intéressant de noter que depuis que j'ai proposé une loi pour abroger le PNTR (permanent normal trade relations) avec la Chine , 15 républicains sont venus se joindre aux 42 démocrates pour appuyer le texte.

Le Congrès est face à une triple tâche: premièrement, nous devons imposer un moratoire à toute négociation de libre-échange par le président. Pourquoi aggraver une situation dejà aussi mauvaise?
Non à la FTAA (free trade area of the americas), non à l'accord de libre-échange avec l'Australie, non au CAFTA accord de libre échange avec l'Amérique centrale), non aux accords de libre échange bilatéraux. Deuxièmement, nous devons mettre fin aux accords existants qui provoquent une hémorragie d'emplois - c'est le cas du NAFTA et du PNTR avec la Chine. Troisièmement, nous avons besoin d'un débat national et d'une législation appropriée pour élaborer une politique commerciale favorable à l'Américain moyen autant qu'à nos partenaires commerciaux à travers le monde.

Le libre échange incontrôlé a été un désastre non seulement pour les américains mais également pour les travailleurs du Mexique et du Canada. Nous avons maintenant une tâche importante et difficile; construire une coalition de syndicalistes, écologistes, petits entrepre-neurs industriels qui fasse passer les intérêts du peuple avant la recherche de profit des grandes entreprises. Dans cette coalition doivent entrer les employés et les ingénieurs qui voient leur emploi s'en aller vers les pays à bas salaire.

Si nous nous rassemblons nous pouvons mettre au point une politique commerciale qui développe la classe moyenne de ce pays, protège l'environnement international et améliore le niveau de vie des pauvre des pays en développement. Ensemble, nous pouvons et nous devons arrêter la course désastreuse vers le bas à laquelle nous participons en ce moment.

 
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